La Malteni Bootleggers est une course ultraCX (autour de 250 kilomètres et 2500D+, selon les années), organisé depuis 2017. Le thème de la course est de parcourir les chemins de contrebande entre la France et la Belgique.
Après plusieurs reports, le départ de la 4eme édition était finalement donné ce 16 avril 2022.
Après un briefing la veille au soir, le départ se faisait à partir de 6h, par vague de 5 toutes les minutes. J’étais pour ma part dans la vague #10, départ à 6h09.

Le ton est donné dès les premiers kilomètres, où un chemin de gravier nous emmène dans la forêt de Marchiennes. On suit les singles le long des routes principales pour rejoindre les secteurs pavés qui composent la première partie du parcours. Beuvry la Forêt, Templeuve et le carrefour de l’Arbre s’enchaînent rapidement, reliés par les voies vertes ou les chemins assez roulants.


Passé l’Arbre, en route vers le mont Saint-Aubert en contournant Tournai par le Sud. Les pavés se font plus rares, remplacés par des chemins de gravier plus ou moins roulants, des singles dans les sous-bois ou des chemins de tracteur. C’est sec, mais les chemins sont cabossés suite aux pluies de cet hiver. J’aborde le mont Saint-Aubert en compagnie d’un certain Samuel, qui n’est autre que Samuel Becuwe bien connu des amateurs de longue distance et organisateur de la French Divide. Premier ravitaillement en haut du Saint-Aubert, 75kms au compteur, les plus « simples » du parcours.

Je ne traine pas au ravitaillement et me met en route vers le Mont de l’Enclus, dont le parcours traversent la forêt. La trace est difficile à suivre par moment, on se perd un peu mais on retrouve la piste en s’y mettant à plusieurs. J’enchaîne ensuite le Pensemont (version offroad), le vieux Kwaremont, Paterberg, Spikjerbos, Koppenberg, Taaienberg et le Kanarieberg (la descente offroad bien cassante) pour terminer la série de la Ronde. « Y en a encore beaucoup comme ça des Berg ? » me souffle un concurrent. C’est fini pour les Berg, mais on attaque ensuite le plus gros morceau du jour, les monts de Frasnes et le pays des Collines. Le 2eme ravito était noté à 136kms, et Samuel me reprend au 135ème. 136, 137, 138kms, et aucun ravito en vue alors qu’on grimpe dans le bois d’Hubermont. Je manque de jus, je préfère laisser partir Samuel et me poser 5 minutes pour boire et manger un morceau. Le ravito arrive finalement au km145, 2000D+, le plus gros est (presque) derrière nous. Le temps de manger un morceau, recharger les gourdes et les batteries, et on se remet en route.


1km plus loin, je me retrouve à nouveau dans la forêt à chercher la piste, j’en ai plein les bottes, comme l’envie de faire demi-tour. Finalement, un autre concurrent, Stéphane, me rattrape et on se remet en route tous les 2. On croise un concurrent dans l’autre sens, qui repart vers le ravitaillement car il vient de casser son cadre ! A la sortie du bois, je me retrouve à nouveau seul avec Samuel devant et Stephane derrière, le paysage s’aplatit et le parcours me mène vere le château de Belœuil et la forêt de Stambruges, via des chemins et petites routes. Les singles sont vite avalés, et je repasse en France après 200kms pour le 3eme et dernier ravitaillement positionné sur le terril Ledoux. Samuel est déjà là, Stéphane nous rejoint quelques minutes plus tard.


Samuel devant laisser la trace là pour rentrer chez lui, Stéphane et moi décidons de finir le parcours ensemble. 35kms à faire, où on enchaine, dans l’ordre, le terril du Lavoir Rousseau et ses bosses, puis le Sabatier et sa montée pierreuse. Le matériel (et le bonhomme) commencent à accuser le coup, mes vitesses passent de plus en plus mal, j’ai les mains en sang, mais les jambes sont revenues. Dernier morceau du jour, la trouée d’Arenberg qu’on attaque comme des fous, soleil couchant, sous le regard étonné des locaux. Un single, de la voie-verte puis un dernier secteur pavé et on revient à Tilloy-lez-Marchiennes à 20h, après 235kms et un peu moins de 14h (dont 12h20 de roulage).

Les premiers sont arrivés 4 heures plus tôt, le podium est déjà remballé, mais une bière bien fraîche (une Malteni, de circonstance !) nous attend pour célébrer notre médaille de finisher.

36ème place pour ma part, mais surtout une expérience incroyable, au bout de l’effort, dans des paysages si communs pour nous mais qui prennent une toute autre saveur dans ce contexte.